Ce billet avait été écrit en mai 2020. Un billet personnel. Il n’a pas pris une ride (moi oui, en revanche, mais c’est ce qui fait mon charme !) . Je redépose donc ce billet mis à jour pour qui aura envie de le prendre. Et pour les autres, comme d’habitude, laissez-le pour ce qu’il est. Des mots. De simples mots.
J’ai la chance de faire partie de celles et ceux que les confinements ont réveillés et fait grandir.
Ce qui me plaît
J’y ai gagné une énergie vitale que je ne me connaissais pas (ou plus), une énergie sans doute gaspillée ici et là à courir pour… Je ne sais même plus après quoi je courais.
J’ai retrouvé le contact avec la nature, les arbres en particulier. Enfant, quand j’étais triste, quand papa et maman me manquaient, je murmurais ma tristesse et mes manques aux arbres, je les serrais très fort et je sentais le coeur de papa et maman qui battaient dans leur tronc, je sentais leur souffle et leurs caresses à travers les branches et j’entendais leur voix apportées par le vent sur les feuilles qui les glissaient jusqu’à mes oreilles. Dans la version précédente du billet, je disais que dans une autre vie, j’aimerais être un arbre avec ses racines si profondes, son tronc si volontaire et robuste et ses branches et ses feuilles si sensuelles et caressantes pour soulager les petits humains qui viendront murmurer leur souffrance ou pleurer leur peine sur mon torse.
J’ai choisi de ne pas attendre cette autre vie. Je me suis donc formée en soins relationnels pour personnes dépendantes et en fin de vie, en soins palliatifs et à la méthode Senior Montessori.
J’ai retrouvé une liberté d’être que j’avais perdue, sans doute évincée par ce souci de toujours paraître la plus… La plus quoi ? Je ne sais même plus.
Ce qui me déplaît
Je fais, du coup, partie de celles et ceux qui se demandent si ce réveil et cette maturité acquis durant toute cette période COVID persisteront. Aujourd’hui, je peux dire que c’est pour moi une certitude. En mai et tous les autres mois qui suivent, bien sûr, je me défais de tout ce qui me déplaît.
Bien sûr la gestion de la crise me déplaît, le peu de place donné au bon sens, pour ne pas dire le rejet ou l’absence de bon sens, les informations et désinformations anxiogènes, l’infantilisation, la pensée binaire… tout cela me déplaît et plus encore. Mais sur cela, je n’ai aucune prise. Je vais donc déjà commencer par moi et me défaire de ce qui me déplaît chez moi, parce que même dans mes courses effrénées, j’ai toujours gardé dans un coin de ma tête et de mon coeur la parole de Gandhi « Sois le changement que tu veux voir dans le Monde ».
Je me défais de cette course folle au toujours plus dans laquelle je me suis laissé glisser et j’entraîne dans ma lenteur tous ceux que j’aime et ceux qui auront envie de me suivre. Dans le précédent billet, j’avais annoncé que je troquais ma voiture contre le vélo pour tous les trajets de moins de 20km. Et bien c’est chose faite. Le compteur du vélo et les muscles de mes mollets ! affichent plus de 11.000km. Je désencombre mes placards au profit de ceux qui sont réellement dans le besoin. Je retourne à la nature, je retourne à mon arbre. Je vais m’y ressourcer, lui demander de me montrer la voie pour gagner en sagesse, en énergie et en beauté pure et simple. Je me défais de toutes les couches inutiles et pesantes du paraître. Et je suis. Enfin. Je suis présente à moi-même. Très imparfaite, certes, mais en route vers la meilleure partie de moi-même. En route vers la meilleure partie du monde, celle qui sera remplie d’arbres qui consolent, qui nourrissent et protègent.
Et vous ? De quoi allez-vous vous défaire ?
Salomé